L’erreur dans l’apprentissage ? Miam, on l’adore ! Depuis que les neurosciences ont définitivement prouvé que l’erreur était un pilier de l’apprentissage (coucou M. Dehaene !), quel plaisir de l’accueillir comme une étape cruciale de la réflexion, de la remise en question, de la quête de solution… À une condition : qu’elle soit accompagnée d’un feedback (et d’un bon s’il vous plaît). De ce postulat, nous avons bien sûr eu l’idée de cette nouvelle Revue by TIPS. Oui, vous en avez peut-être déjà fait l’expérience : chez TIPS n’ LEARN, avec le feedback (élevé au rang d’art), on ne badine pas, ah ça non ! C’est pourquoi il nous semblait important de passer à la loupe erreur et feedback, ce combo de choc qui forme l’ingrédient principal de toute formation professionnelle. Pour en cerner les usages, les bienfaits, les impacts mais aussi pour envisager des voies d’amélioration de nos pratiques pédagogiques. Pas d’erreur, c’est… régénérateur, lisez plutôt J
Connaissez-vous la suite du célèbre proverbe errare humanum est (l’erreur est humaine) ? Tic tac tic tac… dring ! Réponse : “perseverare diabolicum (persévérer [dans l’erreur] est diabolique). Ce proverbe en dit long sur l’ambivalence du mot erreur, issu du latin error et qui signifie étymologiquement “action d’errer, détour”. Quand on aborde le sujet de l’erreur dans l’apprentissage, difficile de ne pas se revoir sur les bancs de l’école où se tromper était (est toujours ?) rarement vécu comme une expérience positive (mais plutôt comme un échec, une faute, un manquement). Et pourtant…
Et pourtant, après l’éclairage des neurosciences, il ne fait plus de doute : le cerveau apprend grâce à l’erreur. Sur la base d’observations et d’expérimentations, il fait constamment des prédictions et apprend en comparant ces prédictions à la réalité. En un mot : il s’adapte et ajuste ses connaissances. On pourrait presque détourner René et lancer un : “Je me trompe, donc j’apprends”. Oui, l’erreur pendant l’apprentissage est riche de bienfaits : elle permet la prise de conscience de ses aptitudes, elle force l’effort de compréhension et donc booste la motivation pour trouver la solution, ce qui bien sûr appuie sur le génial levier de la confiance en soi et de l’estime de soi. L’erreur (surtout quand on en a identifié l’origine) est ainsi formatrice et permet de progresser : c’est donc logiquement qu’il est essentiel de promouvoir le droit à l’erreur, d’en faire impérativement une alliée de l’apprentissage. Que ce soit pour des formations en présentiel, en e-learning ou en blended bien sûr, on peut s’appuyer sur elle ! Un bémol toutefois, comme le dit si bien Marc Dennery : “C’est à croire qu’il suffirait de se tromper pour devenir un expert !” En effet, toutes les erreurs ne sont pas apprenantes, et non… Permettre aux apprenants de se tromper est une chose, leur permettre réellement d’aller au bout de leur erreur en est une autre…
// BBVA : “Les quatre piliers de l’apprentissage. Stanislas Dehaene, neuroscientifique”
// C-Campus : “Apprend-on toujours de ses erreurs ?” par Marc Dennery
Emprunté à l’anglais (que l’on peut traduire par nourrir en retour), le mot feedback était au départ utilisé dans les domaines scientifiques pour désigner un retour d’information au sein d’un système, d’une machine, d’un processus, avec pour objectif de les améliorer, les réguler. Par extension et dans l’usage courant, il désigne désormais l’avis exprimé par une personne sollicitée au sujet de quelque chose. Et c’est ainsi qu’en matière d’apprentissage, le feedback est devenu un mécanisme capital pour l’apprenant : à travers lui, il obtient une information sur son niveau de compréhension et de performance (oui, l’évaluation n’est jamais très loin), il permet alors d’accroître les connaissances, les compétences et/ou la compréhension tout en fournissant des informations complémentaires. Et lorsqu’il y a erreur, whaou, le feedback peut devenir tout-puissant, en tout cas se transformer en un outil potentiellement très efficace au service de la progression de l’apprenant. À condition qu’il ne soit pas négatif et encore moins destructif, au risque d’obtenir le résultat inverse de celui escompté : maintenir l’apprenant dans l’erreur et, surtout, égratigner son estime de soi. Qu’est-ce qu’un feedback constructif alors ? Celui qui “favorise la croissance de l’autre de manière bienveillante et libre”, nous disait Stéphane Moriou, qui a passé une grande partie de sa vie à analyser les différentes pratiques de feedback dans le monde (snif, encore merci Stéphane pour tous vos apports). Le bon feedback est celui qui est donné au bon moment et qui informe, encourage, stimule ! Concrètement ? Ne manquez pas les 5 règles d’or permettant de cadrer la dimension émotionnelle du feedback. En un mot : la culture du feedback est précieuse et ne s’improvise pas.
// Lalamédia : “Le Feedback, élément clé de l’apprentissage”
// Harvard Business Review : “Feedback : un beau cadeau mal emballé”
L’erreur et, avec lui, le feedback qui va bien : voilà le combo moteur d’approches permettant d’aller encore plus loin dans l’apprentissage et l’amélioration des performances. Passer “du droit à l’erreur” au “devoir de tester”, tel est le credo du “Test & Learn”, où l’expérimentation (et avec elle les prises de risques et erreurs associées) règne en maître. C’est d’ailleurs bien souvent de là que nait… l’innovation (voilà la preuve que ça valait vraiment le coup de se tromper !). La mise en place de REX (retours d’expérience) met également l’erreur à l’honneur. Pour tirer des enseignements collectifs, éviter de reproduire des dysfonctionnements, analyser et valoriser les succès, rebondir sur des échecs… bref, une méthode sacrément imparable pour apprendre du passé et faire mieux la fois d’après. Changer de perspective, analyser les causes des échecs, développer la résilience… l’erreur et le feedback sont décidément des outils qui en ont sous le pied, jusqu’à promouvoir le principe d’entreprise apprenante, propice à la croissance et l’innovation. Le mot de la fin est donc tout trouvé : célébrer les faux pas, soigner les retours… et les apprenants s’en sortiront plus grands J !
// Lean en ligne : “Retour d’expérience, de quoi parle-t-on ?”
// Anne-Lise Robin : “L’art de transformer l’échec en succès : apprendre de ses erreurs”
Une phrase qu’on a adorée : “Il faut continuer de s’opposer à l’erreur tout en la remerciant de ce qu’elle nous aura enseigné !”, à écouter dans ce podcast de 3 minutes si éclairant :
Pour un grand récap’, c’est ici :
// Digital Learning Academy by ILDI / Speedernet : “Le droit à l’erreur en formation”
Commentaires (0 )