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L’humour en podcast : une interview de Vanessa Marcié by TIPS n’ LEARN

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17/01/2024

L’humour en podcast : une interview de Vanessa Marcié by TIPS n’ LEARN

humour

Le changement par l'humour, ça vous parle ? En tout cas, lorsque nous avons lu son ouvrage “Le pouvoir de l'humour, Développer son leadership, renforcer la confiance, maîtriser l'art de la répartie”*, cela n'a fait pour nous aucun doute : nous avions avec Vanessa Marcié des brins d'ADN communs.

Enseignante-chercheuse, fondatrice du cabinet de conseil Leading With Humour, conférencière, formatrice et coach, Vanessa Marcié a fait de l'humour et du rire de puissants leviers du changement en entreprise, grâce à des programmes expérientiels, révolutionnaires et ludiques. Il nous fallait donc en savoir plus.

Une rencontre comme on les aime... inspirante !

La version audio de notre podcast sur l'accessibilité est tout en haut de la page, si vous préférez la version écrite, pas de panique, c'est juste en dessous !

 

Virginie Jaulin : Bonjour Vanessa.

Vanessa Marcié : Bonjour.

 

Virginie Jaulin : Je suis plus que ravie de te retrouver aujourd’hui parce que chez TIPS n’ LEARN, le rire est dans notre ADN, dans ce qu'on réalise pour nos clients et puis, au quotidien, avec nos équipes. Je pense qu'on ne peut pas avoir une réunion d'équipe sans que ça parte en cacahuète au bout de deux minutes quand on est tous ensemble. Quand j'ai découvert ton livre, “Le pouvoir de l'humour”, bien évidemment, je me suis plongée dedans. Mais en attendant de parler de ton livre, quelques questions d'abord.

Premièrement, ton super pouvoir - puisque le rire est un super pouvoir -, comment tu l'as découvert ?

Vanessa Marcié : Alors je pense que c'est un peu comme tous les enfants, je l'ai découvert en faisant rire. Je me suis rendue compte que tu pouvais te faire des amis, que c'était plutôt agréable de faire rire les autres et, du coup, si loin que je me souvienne, je reproduisais les sketches que je voyais à la télé et je les reproduisais dans la cour d'école. C'est le premier souvenir que j'ai de l'humour et de faire rire. Après, comme beaucoup, j'avais le sens de la répartie, je pouvais rebondir dans les conversations. Mais un jour, je me suis dit : "est-ce que tu serais aussi drôle si tu pouvais aller sur scène et rire sans avoir les autres en support ?”

Parce que c'est facile - entre guillemets - dans une conversation, c'est tout autre chose quand on est tout seul devant 60 inconnus avec des projecteurs sur le visage. Je me suis dit : “Bien là, ça va être le test ultime”. Et donc j'ai fait un workshop quand j'étais à un atelier, quand j'étais en Angleterre, et j'ai appris le stand-up il y a maintenant 7-8 ans. Quand je suis montée sur scène et que j'ai entendu les gens rire, je suis tombée amoureuse du stand-up et je me suis dit : “C'est juste le meilleur feeling au monde que de sentir que tu fais rire les gens.”

 

Virginie Jaulin : Et du coup, ce qui est pour moi un super pouvoir, l'humour, tu le mets comment au service des autres ?

Vanessa Marcié : Alors pour moi, quand on fait rire les autres, on est au service des autres. Je prends comme exemple : je suis sur scène. Si j'ai fait un bon show - je suis encore une amatrice - et que je les ai fait rire, je sais que les gens vont venir vers moi et me dire merci. “Merci, grâce à vous, j'ai oublié mes problèmes, j'ai passé un bon moment...” Le rire - car l'humour ne sert à rien s'il n'y a pas le déclenchement du rire -, c'est un tas de bénéfices pour notre corps, pour notre esprit, pour nos relations sociales, donc c'est un vrai cadeau qu'on offre à l'autre quand on le fait rire, on le détend si la journée s'est mal passée, on est bien détendu.

Quand on rit, c'est communicatif, on va se connecter avec les autres, on va oublier ses problèmes, on va voir la vie différemment, on va être plus optimiste... notre cerveau va même avoir un petit orgasme, moi j'en parle souvent parce que c'est... Dans quelle autre situation on peut avoir tous ces bénéfices dans notre corps et dans nos émotions en étant tout habillé ?

 

Virginie Jaulin : Bonne question. Et puis, du coup, dans quelle autre situation peut-on avoir 5, 6, 7, 8 orgasmes d’affilée ? Alors là, c'est une deuxième question. Ça y est, je te l'avais dit que ça allait partir en cacahuète. Alors, une autre question qui me vient à l'esprit, c'est, dans ton livre, tu expliques en fait que l'humour finalement est donné à tout le monde. Il n'y a pas des gens qui ont un sens de l'humour et d'autres qui n'en ont pas. Mais comment fait-on pour élever son sens de l'humour ? Parce qu'on peut avoir un sens de l'humour, mais peut-être ne pas en avoir conscience. Donc comment révéler cela ?

Vanessa Marcié : Alors justement, il faut être conscient de son sens de l'humour d'abord et c'est pour ça que, dans le livre, j'explique ce que la science a découvert sur les différents types d'humour. Pour moi, le premier pas, c'est de savoir où on en est avec son sens de l'humour. Beaucoup de personnes pensent que leur sens de l'humour est unique, or ce n'est pas le cas. Et d'abord de savoir qui on est, de connaître un peu mieux cette partie de notre personnalité, ça permet de se dire : “Bon je suis là, par exemple j'ai un titre d'humour agressif, qui ne plaît pas à tout le monde, qu'est-ce que j'ai envie d'en faire ? Est-ce que j'ai envie d'utiliser l'humour pour aller sur scène ? Est-ce que j'ai envie d'utiliser l'humour dans le cercle de ma famille et puis je le mets complètement de côté quand je suis au boulot ? Ou est-ce que j'ai envie de vivre une vie pleine d'humour et de l'utiliser complètement dans toutes les situations ?” Et, à ce moment-là, je dois maîtriser tous les aspects de mon sens de l'humour. Et pour moi la première chose, c'est de se connaître, d'apprendre à repérer le sens de l'humour des autres, parce qu'une fois qu'on se connaît, on est capable de dire : “Cette personne-là n'a pas le même sens de l'humour que moi, donc si j'y vais avec mes blagues qui me viennent naturellement, ça ne va peut-être pas lui plaire, et c'est juste parce qu'on ne parle pas le même langage.”

Donc c'est important de connaître le B.A BA de ce langage qu'est l'humour.

 

Virginie Jaulin : Mais après, une fois qu'on a révélé son sens de l'humour, il faut le cultiver.

Vanessa Marcié : Pour le cultiver, ça va être avec des personnes qui ont le sens de l'humour et qui vous font rire. Savoir ce qui vous fait rire, lire des choses qui nous font rire, écouter des choses qui nous font rire et être avec des gens positifs et qui ont le sens de l'humour. Ça ne peut que se développer.

 

Virginie Jaulin : L'OMS nous dit de faire 30 minutes d'activité physique par jour, elle devrait également nous conseiller d'avoir 30 minutes de rire par jour...

Vanessa Marcié : Exactement, parce que la science a découvert qu'on devrait, pour avoir tous les bénéfices dont j'ai parlé très brièvement sur notre corps et notre esprit, on devrait rire au moins 20 minutes par jour. Or, on rit quoi ? Une minute ? Un rire spontané, c'est 4 secondes ? Donc si on ne va pas les chercher ces 20 minutes, si on ne les provoque pas, on n'aura pas notre quota de bonnes ondes dans la journée.

 

Virginie Jaulin : En tant que fan de pédagogie, on aimerait bien savoir un peu plus sur tes programmes d'apprentissage révolutionnaires.

Vanessa Marcié : Je pense qu'il n'y a pas beaucoup d'apprentissage déjà sur l'humour en tant que tel, surtout en entreprise. Je ne me positionne pas comme l'humoriste qui va vous apprendre à devenir humoriste. Moi, je me positionne... Ce que je voulais transmettre, c'était de le transmettre en entreprise. Non pas pour transformer les managers et les salariés en comédiens, mais plutôt pour leur donner des clés pour plus utiliser et l'utiliser de façon plus sécurisée, entre guillemets, dans l'entreprise. On sait que de nos jours, c'est compliqué d'utiliser l'humour. On doit faire preuve de bienveillance et donc il faut cadrer l'humour. Il faut savoir ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire, et les situations dans lesquelles c'est un avantage, les situations dans lesquelles c'est un inconvénient. Il se trouve que c'est un avantage dans beaucoup plus de situations qu'on ne pense, mais on n'a pas nécessairement les codes. Donc moi, j'ai voulu faire une trousse à outils et je m'adresse principalement au manager parce que, d'après les recherches, c'est descendant l'humour. La permission doit être donnée par la personne qui est la plus haute, qui a le plus haut statut hiérarchique. Et donc, quand on est manager, c'est nous qui avons le pouvoir de dire, si moi je l'utilise, je vais donner la permission à mon équipe de l'utiliser. Donc c'est là que ça commence. Et là, moi je donne la permission au manager, d'abord en les rassurant, en leur donnant toutes les clés scientifiques, tout ce que la science a trouvé sur l'humour. Après, en créant un espace pour en parler, parce qu'on n'a jamais vraiment l'opportunité de parler d'humour en entreprise et de réfléchir à son sens de l'humour. Ensuite, en les faisant tester l'humour, donc ils vont faire des exercices, ils vont faire du yoga, du rire, ils vont faire du stand-up, ils vont faire plein de choses suivant les thèmes pour pouvoir avoir une expérience de l'humour. Et bien entendu, ils auront des outils pour pouvoir l'utiliser suivant la situation managériale de leadership qu'ils vont rencontrer.

 

Virginie Jaulin : D'accord, donc des programmes expérientiels en plus d'être révolutionnaires.

Vanessa Marcié : Exactement, expérientiels, révolutionnaires et ludiques.

 

Virginie Jaulin : Tout ce qu'on aime. Très belle transition, puisque j'avais envie de faire un zoom sur l'humour en entreprise. Pourquoi je trouve en tous les cas que l'humour a du mal à franchir les portes des entreprises françaises ?

Vanessa Marcié : En France, on se prend très au sérieux. Moi j'ai vécu en Angleterre et je pense qu'ils se prennent beaucoup moins au sérieux que nous. Je ne sais pas exactement d'où ça vient dans l'histoire des entreprises françaises, mais il est sûr que ça se répercute de managers en managés, de salariés en stagiaires et qu'il y a ce message invisible qu'on reçoit tous et qui nous dit : “N”on non, faut pas rigoler, ce qu'on fait c'est du sérieux. Or, il y a très peu de jobs où, en fait, le fait de plaisanter va vous coûter la vie du client. Quand la science analyse des industries et des lieux de travail, la plupart du temps ceux qui sont analysés pour l'humour, ce sont les militaires et ce sont les urgentistes. Donc il n'y a pas de raison valable de ne pas l'utiliser. Je ne sais vraiment pas d'où ça vient et quand on regarde les livres, les recherches qui sont faites, je n'en comprends d'autant moins et c'est pour ça que j'ai écrit ce livre, pour un peu redonner ces lettres de noblesse à l'humour et leur dire, mais allez-y, de quoi vous avez peur ? Il n'y a rien qui vous en empêche, tout est dans notre tête.

 

Virginie Jaulin : J'avais une question mais tu y as pas mal répondu, c'est qu'est-ce qu'apporte l'humour au quotidien dans le travail, mais du coup je pense que dans toutes les réponses précédentes, on aura compris tous les bénéfices de l'humour au travail et dans sa vie personnelle d'ailleurs.

Donc j'en arrive à la dernière question. Pourrais-tu nous raconter une histoire ?

Vanessa Marcié : Il y a une histoire que j'aime bien et je la raconte sans arrêt parce que vraiment elle donne toute la puissance de l'humour. Un de mes clients était venu me voir pour me dire : “Mes équipes sont complètement désengagées, est-ce que l'humour peut faire quelque chose ?” Donc on a travaillé ensemble sur le sujet et il a organisé avec son équipe une petite blague, au détriment - mais gentille -, de quelqu'un de l'équipe qui arrivait toujours en retard et qui était toujours habillé comme l'Anglais, le stéréotype de l'Anglais, avec la veste en tweed, les coudières, etc. Ils ont tous acheté la même veste. Et donc, le meeting d'après, la personne bien entendue est arrivée en retard et quand elle a levé les yeux et vu que tout le monde était habillé comme elle, elle a explosé de rire, et tout le monde aussi. Et cette simple petite blague a créé de la cohésion. J'ai revu mon client il n'y a pas longtemps, et il me disait que deux ans plus tard, on en rigole encore. Ils ont créé ce qui s'appelle une private joke dans le cadre de l'équipe. Et ne serait-ce que parler de la blague : "Ah, tu te souviens, on a fait ça.” Il suffit qu'il y en ait un qui remette la veste, juste faire référence à cette blague, faire rire et permettre de resserrer les liens. Et après ça, les résultats que lui en a vus, c'est les réunions qui n'en finissaient pas, qui duraient plus d'une heure, elles ne duraient plus que 30 minutes. Et si personne n'avait réussi à trouver une solution au problème dans les 30 minutes, les personnes allaient se déplacer, allaient appeler et collaborer pour résoudre le problème, parce que les silos, les barrières avaient été cassés avec cette blague. Ils avaient ri ensemble et, du coup, ils étaient prêts à collaborer ensemble. C'est une évidence qu'il faut arriver à faire de la place, plus de place à l'humour dans l'entreprise et tous les jours avec son équipe, former du lien, créer du lien. Et si on y travaille dans le cadre de l'entreprise, of course, ça va rejaillir sur le reste et sur sa vie privée aussi parce que les gens vont me dire, moi je laisse à la maison, c'est pas possible. C'est nier une partie de sa personnalité que de laisser son sens de l'humour à la porte du bureau. Donc autant qu'on l'embrasse et qu'on l'utilise au boulot comme à la maison.

 

Virginie Jaulin : Donc le mot de la fin, embrassons l'humour.

Vanessa Marcié : Embrassons l'humour !

 

 

*Vanessa Marcié, “Le pouvoir de l'humour : Développer son leadership, renforcer la confiance, maîtriser l'art de la répartie”, éditions Eyrolles, 3 novembre 2022, 220 pages.

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